Que serait un jeu plongé dans un univers médiéval et de légendes sans aucun dragon ? Eh bien, LotRT ne fait pas exception à la règle! Vos courageux chevaliers en croiseront quelques-uns au cours de leurs quêtes épiques!
Les dragons, véritable emblème de la fantasy contemporaine, incarnent à eux seuls le pouvoir de l’imaginaire. La preuve, ils sont partout : des séries et films, en passant par les romans de fantasy et bien sûr, dans les jeux vidéo.
Découvrons ensemble cette figure incontournable du Moyen-Âge!
Les dragons dans LotRT
Nos dragons, inspirés directement des enluminures du XIIIe siècle, sont surprenants et uniques, loin de l’image que l’on s’en fait ! Ces fabuleuses créatures ne vont pas servir simplement d’antagoniste à nos preux chevaliers et même si les affrontements prévus vont être épiques, elles ont aussi un rôle à jouer dans les histoires que vous allez vivre.
Sans trop faire de révélations, on peut dire qu'il y aura un dragon cracheur de flammes dans le château de Morgane la Faëe et qu’il est en lien avec une certaine vouivre (autre animal de légende dont on vous parlera dans un prochain article!). Un autre, sous une forme un peu spéciale, se rencontrera dans l’aventure dédiée à Tristan et Iseult...
Influences et apparitions dans l'imaginaire médiéval
Si de nombreuses cultures à des époques très variées connaissent ces terribles créatures, le point de vue médiéval est tout à fait particulier et souvent mal connu. En Europe, le dragon vient d’un fond mythique très ancien, déjà présent dans les folklores celtes et germaniques, la mythologie grecque (vol de la toison d’or par Jason) et dans la Bible (Bête de l’Apocalypse) pour ne citer que les plus importantes inspirations des poètes et enlumineurs.
Parmi les nombreux textes relatant la légende arthurienne, l’Historia regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth et le Merlin de Robert de Boron illustrent tous deux un épisode avec un dragon rouge et un blanc! S’envolant depuis l’eau dormante sous une tour, ils se livrent un combat dans le ciel devant Vortigern (usurpateur tyrannique du trône de Bretagne).
Le blanc finit par triompher et Merlin dévoile alors la signification de ce présage énigmatique. Dans l'une des versions, le dragon rouge représente Vortigern et sa défaite contre Uther Pendragon, le père d’Arthur, symbolisé par le blanc, qui débarquera bientôt pour mettre fin à son règne. Le nom de Pendragon parle d’ailleurs de lui-même. Et sur le drapeau du Pays de Galles est aujourd’hui encore figuré un dragon rouge!
De manière plus générale, ces terribles bêtes apparaissent surtout dans les ouvrages relatant des légendes, dans certains bestiaires ou alors, de manière générale dans une majorité d'ornements de textes, illustrant souvent des allégories.
Mais, en dehors des écrits savants, il est présent partout dans l’église où ses représentations sont légion: vitraux, sculptures, peintures...
Ce qui fait qu’un dragon est un dragon
La représentation médiévale a de quoi dérouter, nous qui sommes habitués à de gros reptiles aux allures de dinosaures!
Pour le dire le plus simplement possible, le dragon est un serpent amélioré auquel on a ajouté des ailes. Quant au nombre de pattes, d’ailes ou de têtes, il peut varier indéfiniment. L’utilisation de plusieurs couleurs (polychromie) est également de rigueur, tandis que les diverses parties du corps s’inspiraient de celles d’autres animaux, par exemple des pattes de lion (symboles de puissance), afin de créer un être unique et signifiant!
Il faut comprendre que les enluminures mettent en images, en premier lieu, tout un langage symbolique.
Un symbole fait monstre
Bien que le dragon incarne de manière constante la puissance et la destruction (avec le feu qu'il crache par sa gueule et ses oreilles!), son symbolisme apparaît mouvant et pluriel.
En particulier dans les représentations chrétiennes, il représente le vice ou le Mal (tentation du serpent dans la Genèse, Apocalypse). Proche du sol, il marche ou rampe et parfois nage. On l’associe fortement à l’élément terre dense et sombre, et donc à l’instinct, à ce qui est bas, grossier et non raffiné, avec parfois des tendances maléfiques. Néanmoins, la nuance est de mise, car ils ont aussi des ailes!
Ailes dont la fonction n’est pas de montrer que la créature peut voler, mais bien plutôt de signifier un vol mystique, une tendance à l’élévation spirituelle. Les anges partagent d’ailleurs cet attribut qui les relie au ciel et au divin. Elles illustrent sa dimension céleste, multidimensionnelle (capables de naviguer entre différents plans).
D’après Pastoureau, cette créature appartient aux trois mondes : terrestre, céleste et aquatique et entretien des rapports étroits avec les quatre éléments et les cinq sens.
Le dragon comme symbole de prestige
De nombreuses enluminures, bas-reliefs ou sculptures mettent en avant des chevaliers (comme Saint-Georges) terrassant un dragon! Plus qu’un combat héroïque, il s’agit de la lutte entre deux forces : l’homme annihile sa propre part d’ombre incarnée par le dragon, son côté sauvage, animal, incontrôlable. Grâce à la maîtrise de ses passions, le chevalier ressort de la lutte, victorieux, se transformant lui-même, pour passer de créature à créateur, dans un acte civilisateur.
Ce n’est pas pour rien que des familles nobles (ou même des villes) ont sur leurs armoiries : un ou plusieurs dragons. Leur image devient très positive et prestigieuse, comme si la famille ou la ville en question faisait sienne tout le pouvoir et les qualités de la créature!
Évolution de la représentation du dragon au Moyen-Âge
Au XIIe-XIIIe siècle, on commence à avoir des formes évolutives avec des têtes plus farfelues, qui suivent en parallèle, l’essor des gargouilles et de créatures étranges représentant les sentiments ou les vices et vertus humaines. À cette époque, le serpent ailé originel se transforme : pattes et têtes qui se multiplient sur un même spécimen et qui se font plus imposantes, avec même parfois l’ajout d’une corne ou deux!
Fin XIIIe et XIVe, le dragon continue de se métamorphoser. Son apparence tend à se diversifier : il prend des formes aquatiques ou reptiliennes, ou bien adopte une apparence proche de celle des diablotins ou encore de mammifères comme les félins. La vision religieuse transforme le serpent ailé d’origine pour en faire un monstre encore plus différencié à l’aspect de moins en moins « naturel ».
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Le dragon n’est ni foncièrement bon ni foncièrement mauvais. Il représenterait l’âme et ses tendances : vers le ciel et vers la terre. Il échappera de toute manière à toute tentative de définition, tant sa nature est insaisissable. Et c’est pourquoi il restera une grande source d’inspiration, tant pour les enlumineurs du XIIIe siècle que pour nous, créateurs et créatrices de jeu vidéo du XXIe siècle.
Nous espérons que cet article vous aura plu ! Et si le sujet vous passionne, nous ferons d’autres articles portant sur les créatures fantastiques dans LotRT!
Pour en savoir plus, nous vous conseillons l’excellent livre du médiéviste Michel Pastoureaux : Pastoureau, Michel. 2011. Bestiaires du Moyen Âge, Paris, Le Seuil.
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Clélia, Pierre et l'équipe d'Artifice Studio